Chapitre 3 : Description des principaux affleurements.


 

Ce chapitre descriptif peut être subdivisé en trois parties, à priori, d'intérêt inégal. La première partie regroupe, en effet, les arrêts où l'enseignant et sa classe peuvent accéder plus ou moins facilement aux affleurements. Chaque arrêt est suivi d'une rubrique intitulée "A signaler dans les environs" relative à des affleurements voisins mais plus difficiles d'approche. La seconde partie, quant à elle, indique des sites peu propices à une visite en bus scolaire mais cependant fort utiles à l'enseignant pour une compréhension plus synthétique de la géologie de la région.

En tout état de cause, quels que soient les arrêts choisis pour une éventuelle sortie avec les élèves, il est impératif d'effectuer au préalable une sortie de reconnaissance sans ces derniers.

•  Documents à consulter en Annexes:

•  carte de localisation des principaux arrêts.

•  carte de localisation des arrêts facultatifs.

•  essai de corrélation stratigraphique et de chronologie structurale de la région de Nouméa.

•  stratigraphie de la péninsule de Nouville .

Enfin, la troisième partie servira de liaison avec les travaux antérieurs relatifs à l'obduction des ophiolites.

Première partie:

 

 Arrêt n°1: Pointe Est de l'anse Kuendu (Nouville). 

 

Caractères généraux:

•  Niveaux bréchiques probablement à rattacher aux flyschs détritiques de l'Eocène supérieur.

•  Eléments anguleux de tailles variables: du millimètre à plusieurs centimètres (conglomérat hétérométrique), le plus souvent flottants dans un liant argilo-silteux généralement carbonaté (test à l'acide chlorhydrique dilué positif).

•  Nature pétrographique variée des éléments constitutifs: calcaires roses à violacés, calcaires jaunâtres plus ou moins argileux, grés carbonatés, cherts multicolores (conglomérat polygénique). Fragments marrons, altérés d'origine volcanique probable (basalte de l'Unité de Poya ?).

•  Aucun élément appartenant à des péridotites n'est, en revanche, à signaler.

•  Aucun granoclassement, l'ensemble reste très mal classé.

•  Absence de rides de courant à la surface des bancs.

•  Aucune stratification oblique, ni entrecroisée.

•  La formation n'a, à notre connaissance, livré aucun fossile visible à l'œil nu.

•  L'affleurement montre un pendage peu élevé, d'une quinzaine de degrés, tout au plus, vers le nord.

•  La fracturation est bien présente mais ne montre pas d'éléments indiquant un quelconque déplacement.

 

Remarques:

A l'extrémité de la pointe Ouest, ce niveau bréchique repose probablement en discordance sur une formation carbonatée légèrement gréseuse à patine grise, jaunâtre à la cassure présentant localement, soit des niveaux discontinus de phtanites flottant dans une matrice carbonatée, soit des blocs anguleux de taille métrique de calcaires roses à violacés. Ces derniers, de plus en plus abondants lorsqu'on se déplace vers la pointe, montrent en leur sein des cherts violacés, tantôt en bancs discontinus , tantôt nodulaires. Une observation fine de ces blocs indiquent qu'ils sont principalement constitués d'une brèche dont les éléments anguleux sont de tailles variables et essentiellement carbonatés (brèche intra-formationnelle). Il semblerait que ces calcaires bréchiques remobilisent les cherts ce qui nous autorise à penser qu'ils sont postérieurs à ces formations siliceuses. Les blocs carbonatés à microfossiles abondants (globigérines ?) cèdent la place à des niveaux siliceux de plus en plus importants pour en arriver vers l'extrémité de la pointe Kuendu à uniquement un grand ensemble de cherts carbonés à stratification boudinée caractéristique (cherts en place ou en olistolithe ?).

A ce stade, nous attirons l'attention du lecteur quant à la formulation d' hypothèses de travail relatives aux affleurements du secteur de Nouméa .Si on généralise ceci à l'ensemble de la péninsule, on se trouvera souvent confronté au problème suivant :

•  soit les affleurements sont en place (position autochtone) et, en conséquence, les corrélations stratigraphiques sont possibles.

•  soit ils résultent d'un déplacement ( position allochtone) et forment des blocs flottants ou olistolithes voire même des klipppes sédimentaires et dans ce cas, toutes les corrélations sont, sinon difficiles, du moins vouées à un échec certain.

 

 

Photo n° 1 : Kuendu Beach, vue générale de l'affleurement de brèche.

 

Photo n° 2 : Niveau de "phtanite" dans la partie centrale en concordance avec les grés grossiers.

 

   

Photo n° 3 : Elément sub-arrondi de chert (ex phtanite ) dans un conglomérat à constituants mal classés.

Photo n° 4 : Boules de chert (concrétion diagénétique) dans un calcaire fin (micrite carbonatée) rose à violet présentant localement des niveaux de brèches intra-formationnelles.

 

 

Milieu de dépôt: :

Toutes les observations précédentes suggèrent une zone de transit en milieu marin relativement proche des sources d'apport (position proximale).On peut à ce stade de l'étude, soit évoquer la présence d'un continent plus ou moins émergé qui devait alimenter le bassin par des lâchées épisodiques ("pulsations") soit l'éventualité d'un prisme d'accrétion qui s'écroule en milieu marin à l'éocène supérieur (voir en Annexes, l'évolution géodynamique de la partie Sud de la Nouvelle-Calédonie ). Au paroxysme de ces phénomènes d'instabilité, des écroulements en masse ("rock-fall" des auteurs anglo-saxons) vont se mettre en place du plateau à la base du talus continental selon des mécanismes de transport et de dépôt faisant appel à des phénomènes essentiellement gravitaires (voir en Annexes, les principaux mécanismes de sédimentation par gravité). Ces glissements se caractérisent par des amplitudes de déplacement pouvant varier de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres si bien que les éléments déplacés peuvent varier du simple fragment centimétrique à une gigantesque structure bréchique à olistolithe ("olistotrome" ) voire même à des klippes sédimentaires.

Faut-il voir dans ce phénomène, l'enregistrement par ces sédiments détritiques, de l'arrivée des premières nappes de basaltes de l'unité de Poya (pour rappel : on ne trouve pas d'éléments appartenant aux péridotites dans cette formation !) créant ainsi une instabilité des marges du bassin ( surcharge sédimentaire) ou bien un prisme d'accrétion évoqué précédemment .


Résumons nous : comme le dit si joliment P.Maurizot à propos de ce contexte géologique " Bien malin est celui qui peut dire où est l'autochtone de l'allochtone !"

 

Photos N° 5 et 6 : La brèche intra-formationnelle (monogénique) de la pointe Kuendu. Fragments anguleux de calcaires fins, rosés à globigérines provenant du démantèlement d'une micrite à cherts.

 

Photos N° 7 et 8 : Tour de la pointe Kuendu. La photo à gauche montre des formations carbonatées rose- violacé à niveaux de cherts rouges dont l'âge est crétacé terminal (?) reposant sur les "phtanites". A droite, un très beau conglomérat à éléments variés (brèches polygéniques), équivalent de celui décrit à l'anse Kuendu. (Note de l'auteur: des galets de roches inconnues (gneiss, granitoïdes ?) ont été découverts à cet endroit lors d'une visite de terrain avec P. Maurizot).

 

A signaler dans les environs:

Le tour de la pointe Kuendu constitue une petite ballade bien sympathique montrant de beaux affleurements de roches dont la fraîcheur a permis de lever une coupe stratigraphique (voir l'essai de corrélations des formations gréso-carbonatées en Annexes). A la pointe, les cherts dont l'allochtonie reste à démontrer, sont surmontés essentiellement par des formations carbonatées beiges peu épaisses qui cèdent rapidement la place à des niveaux de calcaires roses à bancs siliceux rouges . Si l'on poursuit son chemin en direction du centre hospitalier de Nouville, la terminaison Est de la plage montre de très belles brèches, équivalentes à celles décrites précédemment. Ces dernières présentent localement des zones fortement oxydées, d'aspect scoriacées accompagnées de carbonates de fer (ankérite, sidérite ?) qui signeraient ,peut-être, une autre forme de manifestation de l'hydrothermalisme Oligocène. Cela dit des sédiments bréchiques ou non peuvent renfermer du fer divalent réduit par de la matière organique.

 

Arrêt n°2: Les Flyschs du parking du Lycée Jules Garnier (Nouville) et des environs.

 

Caractères généraux:

•  La patine est de couleur brun- chocolat (fer trivalent) à l'affleurement, souvent verdâtre à marron clair (fer divalent) à la cassure fraîche.

•  Le parallélisme des bancs qui ne s'amalgament jamais donne l'impression de couches d'épaisseur constante et d'extension infinies.

•  Belles figures d'altération en "pelure d'oignon" observables sur le parking mais également au niveau de la petite carrière en amont des grandes antennes paraboliques. On notera que l'on peut retrouver ces figures au niveau des séries de type flysch sous les canons de Ouémo ainsi que dans des formations similaires, soit en contrebas de la route menant à Notre Dame Du Pacifique (rue G. Chapus, en direction du rond-point Magenta), soit à l'esplanade du relais de Montravel (côté sud).

 

•  D'un point de vue lithologique, les faciès sont globalement monotones : alternances de grés argileux carbonatés en bancs décimétriques et d'argiles gréseuses en fines lamines également carbonatées.

•  Un granoclassement est parfois visible ainsi que de très rares figures de charge (bifurcation vers la prison du Camp Est) ; en revanche, on notera, là aussi, l'absence de rides de courant ainsi que de stratifications obliques ou entrecroisées.

•  Peu de fractions détritiques grossières dans le flysch pro-parte.

•  La fracturation est très importante. Le plus souvent, les diaclases sont imprégnées de calcite et se disposent en un chevelu anastomosé très complexe. à la manière d'un "stockwerk" . Des relevés de fracturation n'ont pas permis de dégager une orientation préférentielle.

•  Là encore, la formation n'a, à notre connaissance, livré aucun fossile clairement visible. Cela dit, on signale dans la littérature la présence de microfossiles (discocyclines ?) dans les flyschs éocènes. Dans la plupart des cas, ces fossiles sont remaniés d'où une datation plus qu'aléatoire!

•  Les affleurements montrent un pendage relativement élevé, d'une quarantaine de degrés, localement plus, vers le sud. A noter au niveau des anses Lallemand et aux Bœufs, la présence de plis dont certains associés à des accidents généralement décrochants. En revanche, il y a peu d' accidents normaux dans ce secteur. Du reste, l'âge de ces derniers est difficile à établir.

•  L'existence de brèches synsédimentaires à l' anse Lallemand dont l'aspect est comparable à celles de la pointe du Kuendu Beach . Ces brèches pourraient correspondre soit, à l'arrivée de l'olistostrome dans la formation du lycée Jules Garnier (anse Lallemand) montrant ainsi des variations latérales de faciès entre ces deux formations ou soit, recouvrir le flysch (pointe séparant l'anse Lallemand de la grande baie des "Paraboles").

•  La présence de niveaux indurés aux épontes fortement redressées et dont l'origine est restée longtemps discutable ( dykes hydrothermaux liés à la mise en place d'un magmatisme d'âge oligocène connu par ailleurs (vallée de la Thy par exemple) ou bien percolation de solutions "per descensum" ?). Il semble qu'à la lueur de travaux récents réalisés par le BRGM, on s'achemine de plus en plus vers la première hypothèse (comm. orale P.Maurizot). Cela dit, il ne s'agit en aucun cas de dyke au sens d'une intrusion magmatique mais plutôt de fractures ouvertes avec peu ou pas de déplacements des lèvres des deux compartiments, ces dernières laissant circuler des fluides hydrothermaux. En ce sens, il conviendrait de parler plutôt de filons encore qu'il n'y ait pas eu d'ouverture mais plutôt d'une "métasomatose" des épontes d'une fracture avec préservation des structures sédimentaires. Quant au granitoïde responsable de cette source de chaleur, il est soit plus profond, soit très éloigné de l'affleurement.

 

Photos n° 11 et 12 : Flyschs du parking du Lycée Jules Garnier présentant des filons hydrothermaux liés au magmatisme oligocène.

 

•  Le flysch du lycée Jules Garnier est comparable en beaucoup de points à celui de Montravel . En l'absence de données micropaléontologiques, il nous a paru commode de leur attribuer un âge voisin mais en toute objectivité, rien ne le prouve.

 

 

 

Photo n° 9 : Flyschs du Lycée Jules Garnier, vue générale de l'affleurement.

 

Photo n° 10 : Flyschs présentant une altération typique en "pelures d'oignon".


 

Photo n°13 Déformation souple (pli) affectant les flyschs de l'anse Lallemand (Nouville).

 

 

Panorama n° 1 : Côté Ouest de la pointe Lallemand. Passage latéral de faciès ( par progradation?) entre les brèches à gauche et la série flysch à droite. Remarquez dans cette dernière formation la présence de petits blocs "exotiques" d'un calcaire micritique blanc, beige à la cassure.

 

A signaler dans les environs:

•  la pointe Lallemand est décidément un endroit riche en affleurements caractéristiques . Lorsque l'on continue notre ballade à pied (et à marée basse!) en direction de la terminaison de la pointe et après l'avoir contournée, la façade Est montre un très beau contact entre une série sédimentaire carbonatée bien litée venant recouvrir les brèches précédentes. Pour en revenir à notre propos, la formation carbonatée présente de belles alternances de bancs indurés et tendres, de couleur jaune à blanchâtre à la patine, beige clair à la cassure. Ce faciès évoque une série dont nous reparlerons souvent au cours de ce travail, à savoir la formation de la Cathédrale. En continuant notre progression, cette dernière formation repose cette fois sur le flysch Jules Garnier.

Comment se marque le contact entre ces deux formations ? Il pourrait s'agir d'un contact anormal qui s'effectuerait, selon toute réserve, selon un plan de glissement de la formation de la Cathédrale sur les formations sous jacentes (brèches et flysch Jules Garnier).

 

Photos n° 14 et n°15 : Extrémité de la pointe Lallemand. Contact entre les brèches et, au dessus, la série de la cathédrale (à gauche) tandis qu'à droite, cette même formation repose cette fois sur les flyschs Jules Garnier.

Photos n° 16 et 17 : La série de la Cathédrale à la pointe Lallemand, côté Est. Notez la couleur caractéristique des roches à l'affleurement ainsi que la stratification particulièrement spectaculaire à cet endroit. Quelques replis sont également visibles à gauche.

 

•  a l'entrée du Camp Est au niveau du côté droit, on note un contact par faille entre les flyschs de Jules Garnier qui ont un pendage apparent vers le Sud et une série sédimentaire bien litée qui plonge vers l'observateur. De couleur jaune à blanchâtre à la patine, beige clair à la cassure, ce faciès décrit précédemment évoque la formation de la Cathédrale. Nous savons par ailleurs (comm. orale D.Cluzel) qu'elle est postérieure au flysch de Jules Garnier (ou de Montravel). L'accident, bien visible dans la topographie, plonge vers la formation carbonatée. Toutes ces observations suggèrent que nous sommes en présence d'un plan de glissement se présentant sur le terrain comme un accident normal.

Quel est l'âge de cet accident ? On ne peut que conjecturer pour répondre à cette question. En effet, dès lors que l'accident n'est pas oblitéré par un événement quelconque (série ou chevauchement d'âges connus) deux hypothèses peuvent, pour l'instant, être évoquées:

•  soit l'accident est légèrement postérieur (ou contemporain ) à la mise en place de la formation de la Cathédrale et on a dans ce cas une série sédimentaire venant en "paquet glissé" sur le flysch Jules Garnier.

• soit l'accident normal est plus récent et marque un épisode distensif probablement postérieur à l'obduction des nappes (lire l'article récent de Y.Lagabrielle et al ., 2005).

 

Photos n° 18 et 19 : Entrée du Camp Est à Nouville. La photo de gauche montre le contact par faille entre les flyschs Jules Garnier et les formations blanc- jaunâtre de la Cathédrale en partie masquées par le couvert végétal. A droite, détail de la série de la Cathédrale.

 

 

 

Panorama n° 2 : Entrée de la maison d'arrêt du Camp Est à Nouville. Contact par faille (cachée par la végétation) entre la formation de la Cathédrale à gauche et le flysch Eocène Supérieur Jules Garnier reconnaissable à ses teintes d'altération brun-chocolat.

 

Remarques relatives à la position structurale des formations siliceuses carbonées (cherts ou "phtanites") ainsi qu'au mode de plissement de ces formations:

 

De Kuendu Beach au Lycée Jules Garnier, la route principale recoupe des formations de "phtanites" souvent reconnaissables à leur teinte d'altération blanc-rosé sur lesquelles ont été construits les bâtiments de l'Université de la Nouvelle-Calédonie .Et actuellement ceux de l'IUFM !


La position structurale de la formation des cherts au niveau de la presqu'île de Nouméa mérite un éclaircissement dans la mesure où plusieurs situations sont possibles selon les endroits:

•  les "phtanites" et les calcaires violets peuvent être surmontées par les flyschs type Lycée Jules Garnier, ce qui est effectivement le cas sur la route qui mène à la pointe de Kuendu Beach (voir les croquis de terrain dans la presqu'île de Nouville, schéma 4 ). D'ou la problématique posée:

•  le contact observé montre-t-il un petit olistolithe de "phtanites" emballés dans le flysch ? Et dans ce cas, ces dernières sont en position allochtone.

•  ou bien, les "phtanites" sont-elles en position autochtone ? Et dans cet autre cas, les flyschs constituent un paquet glissé sur les "phtanites".

•  les "phtanites" reposent à d'autres endroits sur des flyschs plus récents (ceux de Montravel ou Jules Garnier, flyschs de la Cathédrale ) comme par exemple sur la route J. Cook à proximité de l'IUFM. Dans ce cas de figure émergent deux interrogations:

•  le contact avec les flyschs serait-il par failles inverses comme l'avait envisagé J.P Paris dans son hypothèse autochtoniste (voir les deux coupes interprétatives de la presqu'île de Nouméa en Annexes).

•  ou bien, faudrait-il considérer ces formations siliceuses comme de grands olistolithes pluri-hectométriques "flottants" (hypothèse allochtone de H.Gonord) en contact anormal (plans de glissement) sur les formations de flysch type Jules Garnier ou autres .

Des travaux de cartographie sont actuellement en cours à Nouville (P.Maurizot, l'auteur, l'ensemble des étudiants de la filière DEUST de l'Université) et permettront peut être un jour d'y voir un peu plus clair .

 

Panorama n°3 : Site des Archives Territoriales. La colline formant l'arrière plan est constituée de phtanites en position allochtone probable (klippe sédimentaire) reposant sur les flyschs du type Jules Garnier. Du reste, les Archives Territoriales sont bâties sur un "bloc exotique" (olistoslithe) constitué d'un calcaire fin violacé à silex rouges surmontant des cherts plissés. L'ensemble flotte sur le flysch type "Jules Garnier" (voir détail en Annexes).

 

On perçoit bien par les propos tenus toute la difficulté qui réside dans la compréhension de la géologie du secteur de l'île Nou. Ces différentes interrogations peuvent, du reste, être étendues à l'ensemble de la péninsule de Nouméa.

Cela dit, un élément de réponse a pu être fourni par le fait que les "phtanites" crétacé supérieur-paléocène de la colline du Ouen Toro (voir les coupes géologiques) reposent en klippe sédimentaire sur les flyschs de la Cathédrale ou équivalent comme le montre les résultats d'un sondage réalisé à Val Plaisance.

Pour en revenir à notre propos, l'épaisseur des flyschs qui affleurent au Lycée Jules Garnier reste difficile à apprécier. En effet, les redoublements de séries (plis et accidents divers ) sont fréquemment visibles dans le secteur. Cette dernière observation pourrait être également applicable aux cherts ou "phtanites".

Cela dit, cet affleurement permet de se familiariser à l'utilisation d'une boussole pour la prise de pendages.

 

Avant de clore (provisoirement) ces remarques sur les cherts, une dernière question mérite d'être posée. Quelle serait l'origine des plis fréquemment observés dans ces séries ?

 

Quelques éléments de réponse pourraient être évoqués:

•  rares sont les endroits dans la péninsule de Nouméa où ces roches ne sont pas plissées.

•  les figures microtectoniques classiquement observées en relation avec les mécanismes de plissement (glissement banc sur banc, figures d'extension aux extrados, de compression aux intrados etc…) sont peu fréquentes pour ne pas dire absentes.

•  les rares mesures en microtectonique reportées sur canevas de Wülf montrent une dispersion des contraintes, des axes de plis.

•  l'allure de certains plis sur le terrain (double déversement, plis d'entraînement, amincissement ou, au contrainte, sur-épaississement des bancs).

Toutes ces observations de terrain m'autorisent à formuler l'hypothèse selon laquelle ces plissements correspondraient peut-être à des glissements syn- sédimentaires ( "slumps") qui ressembleraient à des plis d'écoulement du niveau structural inférieur.

Quoiqu'il en soit, des études complémentaires s'avèrent nécessaires notamment en microtectonique pour infirmer ou confirmer l'hypothèse précédente.

Les plus beaux plis s'observent non loin du Kuendu Beach sous le sémaphore de la Pointe Lacombe à l'opposée de la pointe Kuendu. Pour y accéder, il suffit de longer à pied et à marée basse le chemin qui longe la plage de Kuendu en direction du NW.

 

 

Panorama n° 4 : La formation de cherts de la pointe Lacombe à Kuendu Beach. Plis ou glissements syn- sédimentaires ? La question reste posée.

 

Pour conclure : quel est le milieu de dépôt de la série flysch de type Jules Garnier?

On déduira des observations précédentes que le bassin sédimentaire ayant accueilli ces dépôts se situe dans un cadre paléogéographique ou géodynamique comparable à celui de l'affleurement précédent (en principe, ces deux formations ont des âges voisins) si ce n'est qu'il semble se localiser en une position peut être un peu plus distale c'est à dire plus éloignée des sources d'apport (la sédimentation détritique est, en général plus fine que dans le cas précédent).

Le comblement du bassin a pu se produire très rapidement, l'ensemble des dépôts est toujours commandé par la gravité et, selon toute vraisemblance, resédimenté sur des aires en pied de talus continental.

 

 

 

Arrêt n°3: Les calcaires de la grande carrière de la pointe Dénouël (Nouville) et alentours.

 

Caractères généraux:

•  La couleur est gris pâle à la patine, blanc crème à jaunâtre à la cassure fraîche.

•  Ils sont disposés en bancs centimétriques aux plans de stratification ondulés. De plus, suivant le côté opposé au stand de tir, face à la mer , ces calcaires dans leur partie inférieure montrent de très beaux bancs de rognons siliceux (cherts) qui soulignent la stratification.

•  Une première analyse montre que ces carbonates sont constitués d'une pâte très fine (calcaire lithographique des anciens auteurs ou micritique) qui renferme sporadiquement de petits foraminifères globuleux planctoniques appartenant au genre Globigerina visibles à l'œil nu. Selon les modes de classification des roches carbonatées, ces formations seront tantôt qualifiées de biomicrite (d'après Folk), tantôt de mudstone (d'après Dunham).

• l'âge de cette formation est sujette à discussions: du crétacé terminal au paléocène-éocène inférieur selon les types de microfaune. De nouvelles datations seraient en cours.

• Des niveaux de brèches monogéniques sont visibles à l' extrémité de la pointe Dénouël. Ces dernières sont constituées d'éléments carbonatés de tailles variables (sédiment mal classé) baignant dans une matrice carbonatée de même nature que les éléments anguleux.

•  On remarquera sur le côté doit de la carrière contre les bâtiments du stand de tir, un très beau plan de faille ("miroir") facilement mesurable dont les stries et les regards de calcite indiquent une composante en décrochement dextre.

 

Photo n° 20 et 21 : Calcaires en plaquettes, fins, hémipélagiques à stratifications onduleuses. La photo à droite montre en détail la stratification particulière de ces roches.

Photos n° 22 et 23 : La photo à gauche montre les brèches monogéniques de l'extrémité de la pointe Dénouël tandis que celle de droite indique un miroir de faille avec des stries de décrochement dextre affectant les calcaires.

 

Panorama n° 5 : La grande carrière de la Pointe Dénouël . Remarquez

la faille verticale (décrochement dextre) au dessus des bâtiments et à gauche de la barrière.

 

Milieu de dépôt:

Les calcaires de la pointe Dénouël résultent de l'accumulation d'organismes planctoniques marins déposés sur le fond d'une mer ouverte dont la bathymétrie devait être profonde mais qui devait néanmoins permettre la conservation des tests calcaires (milieu bathyal cependant, au dessus de la limite de compensation des carbonates ou CCD). La finesse du sédiment suggère un dépôt lent de petites particules à la manière d'une pluie de farine.

Ces formations carbonatées témoignent d'un milieu localement calme (faible énergie de dépôt), hémipélagique durant tout le Paléocène à l'Eocène inférieur-moyen. Ils montrent sporadiquement des sédiments plus siliceux le plus souvent en bancs ou sous la forme de rognons ainsi que des niveaux brèchiques ce qui nous autorise à penser à l'existence d'instabilités locales qui annonceraient les prémices d'une sédimentation franchement gravitaire (écroulement en masse).

Ces conditions changeront radicalement à l'Eocène ( moyen?) supérieur avec l'arrivée de séries détritiques de type flysch, traduisant ainsi une nouvelle évolution dans la dynamique sédimentaire du bassin.

On terminera notre propos afin de signaler que les calcaires de la pointe Dénouël sont un peu plus récents que les cherts ("phtanites") qui affleurent en de nombreux endroits de la péninsule de Nouméa ( Nouville, colline du Ouen Toro).

Une esquisse paléogéographique ainsi que des corrélations stratigraphiques des formations au Paléocène - Eocène inférieur est proposée en Annexes .

 

Aux alentours de la grande carrière:
On peut observer au sud -sud ouest de la pointe Denouël les calcaires en plaquettes surmontés par une autre formation carbonatée plus tendre au relief caractéristique. De couleur vert à rosé- lie de vin (calcaires bariolés), ces roches micritiques ,dont il est difficile d'apprécier l'épaisseur, montrent de fréquentes bioturbations (terriers?).

 

 

 

Photos n°24 et 25 : Pointe Dénouël, relief caractéristique des calcaires "bariolés" (calciturbidites)

du aux actions érosives du vent et du lagon à proximité.

 

 

Selon toute vraisemblance, il s'agirait d'un niveau de turbidites calcaires (calciturbidites d'après P.. Maurizot) qui signerait les premières manifestations clairement identifiées d'une sédimentation où les processus gravitaires se mettraient en place après une sédimentation d'origine biochimique (cherts puis carbonates à microfossiles, parfois brèchiques). Ces affleurements se retrouvent sporadiquement à l'Ouest de la plage derrière le lycée Jules Garnier.Les calciturbidites font actuellement l'objet d'une étude à des fins de datation par des microfaunes (comm. orale P.Maurizot). On attend les résultats…

 

Photos n°26 et 27 : Calciturbidites de la pointe Dénouël. Détail de l'affleurement.

Remarquez les bioturbations bien visibles sur la photo à droite.

 

•  Toujours dans le même secteur en se dirigeant vers l'île aux Serpents, les calciturbidites cèdent la place à une formation carbonatée dont la stratification est légèrement onduleuse. Cette dernière forme une falaise d'une quinzaine de mètres de hauteur constituée d'une micrite crème à violacée à bancs parfois continus, et bien visibles dans la topographie, de cherts . L'abondance de niveaux siliceux semblerait indiquer que l'on se situe juste au dessus des bancs massifs de cherts (ex" phtanites").

 

Panorama n° 6 : Calcaires fins (micrites) à niveaux de cherts bien visibles sur la falaise.

 

•  Les affleurements de l'île aux Serpents ne sont accessibles qu'à marée basse. Ce sont principalement des faciès carbonatés (biocalcarénites à algues et débris d'huitres), à passées conglomératiques à éléments divers (basalte ?). La formation est bien litée et présente par endroits une concentration importante en foraminifères de taille respectable (nummulites ?). Les grès et conglomérats renferment également un peu de glauconie, minéral vert qui signe de manière définitive l'origine marine de ces derniers. Les faciès rencontrés rappellent ceux de Uitoë. Une fois de plus, on peut formuler deux hypothèses quant à la présence de ces affleurements :

•  soit ces faciès représentent un équivalent latéral de la série gréso-carbonatée de la petite carrière de la pointe Dénouël (voir le point suivant). Cette formation est alors en position autochtone.

•  soit il s'agit d'un olistolithe emballé dans les flyschs Jules Garnier (hypothèse allochtone).

 

Photos n° 28, 29 et 30: Les affleurements de l'île aux Serpents.

A gauche, vue générale des bancs carbonatés et détritiques. Au centre, les conglomérats ravinant la série carbonatée sous-jacente. A droite, détail d'un niveau particulièrement condensé en foraminifères.

 

•  Au nord du stand de tir, non loin de l'ancien four à chaux, se situe une petite carrière. A cet endroit on observe une série détritico-carbonatée (grès calcaire plus ou moins grossier ) se présentant en bancs décimétriques à la base, bien lités. On note une légère stratodécroissance des bancs au sommet de la carrière. Les roches présentent une couleur grise à l'affleurement, brun- fauve à la cassure. Il est à noter qu'il n'y a pas de bancs argileux dans cette série.

 

Photos n° 31, 32 et 33 : La petite carrière de la pointe Dénouël. Présentation générale de l'affleurement. Une stratodécroissance (diminution de l'épaisseur des bancs) sensible se marque au sommet. A droite, détail des bancs montrant des strates compactes sans interbancs argileux probablement décalées par un accident dont le jeu est indéterminable (le Nord est à droite).

 

 

La partie sommitale de la carrière montre des niveaux plus minces de couleur brun clair à jaune probablement à rattacher -sous toute réserve- à la série de la Cathédrale qui reposerait ici en discordance de la même manière qu'à l'affleurement décrit à la terminaison Est de la pointe Lallemand (voir précédemment).

L'ensemble est faillé et le plus souvent montre des anciens accidents sub-verticaux décrochants dont un seul, clairement identifiable, repris en accident normal dont l'âge est difficile à apprécier. La position stratigraphique de cette série a longtemps été sujette à discussions. Il s'agirait selon toute vraisemblance soit, d'un équivalent latéral des calcaires gréseux connus à Uitoë, soit d'une formation du même âge que les grés carbonatés turbiditiques affleurant au péage de la V.D .E à l'embranchement pour Tina.

En tout état de cause, cette série d'origine gravitaire est très certainement postérieure aux carbonates en plaquettes de la grande carrière.

 

Photos n° 34, 35 et 36 : Petite carrière de la Pointe Dénouël. Détail de l'affleurement montrant des grès "propres" (sans argiles) à patine grise et cassure fauve caractéristiques. La photo centrale illustre un décrochement dextre (stries horizontales), celle de droite montre le même accident repris postérieurement en faille normale (stries verticales). L'âge de cet accident peut être discuté.

 

En se dirigeant vers le Centre Pénitentiaire du Camp Est, les grès forment une falaise d'une dizaine de mètres de hauteur puis ils s'interrompt brusquement (lacune d'observation) et cèdent la place une centaine de mètres vers le Nord (entrée du camp Est) à la formation de la Cathédrale (voir Panorama n°2 et les photos 18 ainsi que 19).

Un schéma d'interprétation de la zone peut alors être tenté selon l'hypothèse où les formations supérieures de la petite carrière appartiennent à la série de la Cathédrale.:

 


 

Jusqu'à présent, nous nous sommes bornés à décrire un certain nombre d'affleurements en utilisant une procédure naturaliste classique de géologie de terrain:

•  dans un premier temps, description générale de l'affleurement : allure des bancs, couleur de la patine, de la cassure, prise de pendages, éventuellement schéma légendé.

•  puis, description pétrographique de ou des roches en présence, caractérisation des phases minérales ou des fossiles en utilisant les objets et techniques classiques du géologue naturaliste : loupe, marteau, acide, plaque de verre etc…

•  enfin, une analyse plus fine des déformations souples (mesure de plis pour d'éventuels reports sur Canevas ) et cassantes (failles et diaclases).

A partir de ces observations consignées sur le carnet de terrain, on pouvait tenter une approche du milieu de dépôt, formuler des hypothèses quant à l'allochtonie ou l'autochtonie de la formation, l'âge relatif de cette dernière en établissant des comparaisons avec d'autres affleurements, voire même mettre en place des coupes géologiques .

Nous allons aborder maintenant une autre technique fort utile en géologie de terrain et bien évidemment complémentaire des précédentes : la lecture et l'analyse des paysages.

 

Avant propos sur la lecture des paysages

 

 

Un paysage, c'est ce que nous voyons d'un pays, d'un endroit où l'œil peut porter assez loin suivant une direction privilégiée, son regard.

Son relief, sa végétation, ses cours d'eau mais aussi les marques des activités humaines (habitations, cultures, voies de communication, usines, carrières et mines en particulier) en sont les principaux éléments.

Notre objectif essentiel au travers de cet avant propos consistera à monter que les caractéristiques d'un paysage peuvent être reliées à la géologie (pétrographie des roches du sous-sol, dynamique interne et externe du globe).

En fait, l'étude du modelé, c'est à dire les diverses formes que peut prendre le relief terrestre, est le point de départ d'un voyage dans le temps, constante essentielle en sciences de la Terre et on cherchera toujours à montrer que les grands traits d'un relief régional ne peuvent vraiment se comprendre qu'en retraçant l'histoire du secteur.

Au même titre que l'analyse d'une roche à l'affleurement ou que l'étude des déformations, l'analyse des paysages reste -si l'on peut se permettre- un incontournable de la géologie de terrain.

En conséquence, il sera impératif d'effectuer des aller-retour entre le paysage et l'affleurement.

Etape fondamentale dans la compréhension de la géologie d'une région, la lecture des paysages permet également d'aborder d'autres champs disciplinaires comme la géomorphologie, l'hydrologie, l'écologie végétale et enfin, l'urbanisme. La liste est loin d'être close.

En somme, l'enseignant devrait dans ses contenus inscrire une démarche d'analyse de ces derniers sous peine de se priver -ainsi que ses élèves- d'une bonne compréhension de la géologie régionale et de prolongements en classe d'activités communes avec des enseignants d'autres disciplines.

Pour une bonne approche de la géologie de Nouméa, de nombreux sites peuvent être retenus. Tous ne seront pas commentés dans le détail au cours de ce travail mais, selon le moment choisi durant la journée, on pourra noter les endroits suivants :

•  route de l'Université à Nouville au Sénat Coutumier, regard vers les Monts Khogis.

•  pointe Dénouël en direction du Sud vers l'îlot Brun

- sommet du Mont Téreka, au niveau des canons, à Nouville (facultatif).

•  esplanade des canons de la colline du Ouen Toro.

•  esplanade du théâtre de la F.O .L (facultatif).

•  esplanade des canons de la presqu'île de Ouémo.

•  le site de Notre Dame du Pacifique(facultatif).

•  esplanade du relais télécommunications de Montravel.

•  le site sur la route entre St.Michel et St.Louis (RP1 ou RT2) en face de l'ancien garage Flavio.

Ces sites, outre les côtés esthétique et pédagogique indéniables, offrent la possibilité ,pour certains d'entre eux seulement, d'être accessibles en bus scolaire. Vous remarquerez, au passage, que nombre de ces points de vue ont été choisis naguère comme points stratégiques par le Génie militaire et ce n'est pas le fruit du hasard!

 

Arrêt n°4: Esplanade de Montravel.

 

Il s'agit d'un lieu particulièrement intéressant dans la mesure où l'on a une vue panoramique de la ville de Nouméa. Deux tables d'orientation permettent aux enseignants de se repérer et d'effectuer ainsi des schémas légendés ou des photos orientées. Selon l'heure d'arrivée au relais de télécommunications, telle orientation sera privilégiée plutôt qu'une autre.

En priorité, les premiers paysages à commenter sont orientés grosso- modo plein Nord (panoramas n° 7, 8 et 9).

Un premier plan montre un ensemble de collines aux altitudes modérées et de plaines occupées par des mangroves constitué, pour l'essentiel, par des séries sédimentaires de type flysch d'âge éocène moyen à supérieur (quartiers Ducos, Vallée du Tir, Rivière Salée, 6 ième km…) ou bien de type fluvio- deltaïque sénonien (Magenta) ou vulcanites du même âge (Tina).


Un second plan est formé également par une succession de collines mais dont les reliefs sont plus élevés. A l'Ouest, en direction de Koutio, des barres plus résistantes arment les crêtes qui dominent le quartier des Jacarandas tandis qu'à l'est, le "Chapeau de Gendarme" ou Pic Malaoui dresse sa silhouette caractéristique. Cet ensemble de collines séparées par de petits vallons est attribué au sénonien (crétacé supérieur).Les éléments les plus résistants à l'érosion sont les témoins d'un important volcanisme à la composition chimique bien particulière (sub alcalin potassique selon les uns ou calco-alcalin selon les autres ) au sein des séries terrigènes. Ce volcanisme montre des produits diversifiés oscillant entre des basaltes et des termes plus différenciés comme les rhyolites.

Enfin, un troisième plan forme une barre rocheuse élevée qui s'étend du Mont Mou à l'ouest jusqu'à l'île Ouen à l'Est en passant par les Monts Koghis et le Mont Dore. Une couleur d'altération caractéristique (rouge foncé à rouge lie de vin), des vestiges d'anciennes mines de nickel à l'aplomb du village de St.Louis (mines Pervenche et Karoola), une végétation de type maquis minier lèvent toute ambiguïté dans ce cas. Il s'agit bien évidemment du front actuel des nappes ophiolitiques (limite d'érosion s'entend et non limite structurale, la nappe n'étant que le reste dégagé par l'érosion d'une unité chevauchante qui devait recouvrir l'essentiel de la grande Terre) dont la mise en place est datée de l'éocène supérieur à l'oligocène basal (35Ma ?).

 

Panorama n°7: Esplanade de Montravel (explications dans le texte).Photo prise en direction du nord.

 

Signalons pour terminer qu'il est illusoire de mettre en évidence les formations triasico-jurassique de la basse vallée de la Dumbéa à l'ouest ainsi que les basaltes de l'unité de Poya au pied du Mont Dore. Le lias ne s'observe qu'à de rares endroits ainsi que nous le verrons ultérieurement. On ne peut expliquer que ce que l'on voit réellement!

 

Panorama n°8: Esplanade de Montravel (suite du panorama précédent).

Photo prise en direction du nord- nord ouest.


 

 

 

Panorama n°9: Esplanade de Montravel (suite des panorama précédents).

Photo prise en direction de l'ouest- nord ouest.

 

Le second paysage orienté Ouest-Est est essentiellement urbain. Et pour cause! Il s'agit de montrer que l'homme est capable de modifier tout ou partie d'un paysage. Un regard vers l'ouest sera suffisant :tout le monde connaît à Nouméa le site de Doniambo. Le principal intérêt- semble-t-il- consiste à séparer ce qui existait auparavant de ce que l'on voit actuellement. A cette occasion, on pourra éventuellement verser une larme sur le recouvrement de l'anse Uaré par les scories (pour mémoire: deux millions de tonnes produites en 2003) et, peut-être- rêver au temps où l'île Nou ne s'appelait pas encore Nouville.

On notera également la présence dans les séries éocènes d'une carrière bien visible au niveau des deux gros réservoirs (voir également le Panorama n°8) et exploitée pour fournir des matériaux d'empierrement et de construction.

A l'occasion, on s'interrogera sur la toponymie, ô combien évocatrice, des noms de quartiers comme Vallée du Tir, Rivière Salée, Montagne Coupée…


Panorama n° 10: Vue générale du site de Doniambo (Usine SLN).

 

Le dernier paysage évoqué sera celui qui s'étend au Sud de Nouméa au niveau de la seconde table d'orientation. On attirera l'attention des élèves sur un certain nombre de questions importantes relatives, une fois de plus, à l'action de l'homme sur l'environnement par le biais de la modification des paysages ( l' îlot artificiel de la baie de Sainte Marie, les sites portuaires, les carrières au pied de la colline de Montravel…).

La présence d'une colline- celle du Ouen Toro - pourra faire l'objet d'une hypothèse de travail quant à sa constitution géologique.

On évoquera ,de même, l'extension démographique de la ville de Nouméa.

Panorama n°11: Site de Montravel. Photo prise en direction du Sud.

 

Enfin, un dernier regard en direction de la presqu'île de Nouville vers l'Ouest montre trois formations aux couleurs d'altération caractéristiques:

•  vers la pointe Denouël et celle de l'Artillerie, les falaises montrent des teintes généralement blanc-cassé à gris légèrement violacé.

•  au niveau du Lycée Jules Garnier, la route entaille des collines brun-chocolat.

•  en arrière-plan, en direction de l'Université et des Archives Territoriales, les affleurements sont de couleur blanc-rosé (il est à noter que d'importants travaux d'excavation ont eu lieu dans le secteur - constructions de l' IUFM et de l'extension de l'Université-, ce qui favorise grandement l'observation!).

 

A ce stade de l'observation, deux solutions s'offrent à l'enseignant:

•  soit l'enseignant formule dans un premier temps des hypothèses de travail relatives à la constitution géologique des trois formations précédemment citées si les élèves ne sont pas allés sur le terrain. Ensuite, ces hypothèses pourront être infirmées ou bien confirmées à l'issue d'arrêts sur les sites évoqués.

•  soit il consolide les acquis de ses élèves en insistant sur le fait qu'en climat tropical, les couleurs d'altération sont souvent caractéristiques de la roche sous-jacente.

Rappelons à toutes fins utiles que la couleur blanche à la pointe Denouël signe la présence des calcaires d'âge paléocène à éocène moyen, que la teinte marron est due aux flyschs éocène supérieur et qu'enfin, le blanc rosé évoque la teinte d'altération des phtanites à la limite crétacé-tertiaire.

 

 

 

Arrêt n°5 : Les Flyschs de Montravel.

 


Ces formations sont particulièrement bien visibles à la Montagne Coupée , au pied du relais de Montravel, au Parc Forestier ainsi qu'au niveau des carrières de la rue Guy Chopin suivant la direction du rond -point Magenta (attention, des nouvelles résidences sont en cours de construction et il est probable qu'au moment de la parution de cet article, on ne puisse plus accéder à cet affleurement !). Un bus scolaire a la possibilité de se garer, moyennant quelques petites manœuvres, sur les bas-côtés de la rue. Il convient, dès lors, d'être très prudent au cours de la descente des élèves .

 

Photos n° 37, 38 et 39 : Vues générales de l'affleurement des flyschs de Montravel, rue G. Chopin. Notez les filons hydrothermaux bien visibles au front de taille de ces anciennes carrières. Remarque : un lotissement est en cours de construction à cet endroit.

 

Caractères généraux:

•  La couleur générale est vert foncé à marron à la patine, vert à la cassure. Souvent, la roche présente des teintes moirées dans les tons gris-bleuté.

Cette formation montre de nombreux points communs avec les flyschs rencontrés au lycée Jules Garnier : nature pétrographique comparable -ce sont des grés - , altération en boules et pelures d'oignon, filons hydrothermaux, dépôts monotones avec quelques niveaux bréchiques. Ces derniers montrent dans une matrice argilo - carbonatée, des fragments très hétérométriques, mal classés de calcaires fins (micrites) rappelant ceux du Mont Tereka à Nouville ainsi que des cherts de couleur gris- verdâtre.

•  Signalons, enfin, que des niveaux détritiques grossiers dont les éléments sont sub-arrondis peuvent être rencontrés avec les brèches décrites plus haut. Cet ensemble fortement détritique ne contient pas -à priori- de fossiles clairement visibles. Sous toutes réserves, les différences avec les flyschs type Jules Garnier porteraient en fait sur la couleur -plutôt gris- bleuté à Montravel - et sur la fraction détritique qui contiendrait peut-être plus d'éléments provenant de basaltes de l'Unité de Poya.
La fracturation, sans pour autant être aussi intense qu'à Nouville, est importante. En somme, les deux faciès se ressemblent beaucoup et ainsi que nous l'avons déjà dit précédemment, les flyschs de Jules Garnier et ceux de Montravel pourraient avoir le même âge .

 

Photos n° 40 et 41 : Altération en boules et filon hydrothermaux dans les flyschs de Montravel.

La photo à droite montre un détail de ce type d'altération en boules ou pelures d'oignon.


 

Photos n° 42 et 43 : Détail des affleurements précédents. Brèches à éléments mal classés en bancs décimétriques.

 

Milieu de dépôt:

Si l'on en croit les travaux antérieurs, la présence d'éléments provenant de basaltes est signalée. Cette observation pourrait indiquer que ces flyschs proviendraient du démantèlement d'un relief qui voit arriver des nappes du type Poya.

Cela dit, l' analyse des dépôts montre que ce bassin devait probablement se localiser en pied de pente en une position relativement proche des sources d'apport. A titre d'hypothèse, une surcharge sédimentaire importante au niveau du plateau continental a pu créer un glissement de masse à grande vitesse de transport vers des zones plus profondes. Un peu comme dans le cas des séries de Nouville. A moins d'envisager également que ces formations appartiennent à un prisme d'accrétion sous-marin qui s'écroule pendant la subduction qui précède l'obduction de la nappe des basaltes de Poya.

En définitive, il me semble important de noter la dualité des apports dans cette série:

•  des éléments grossiers, anguleux qui vont former des brèches de cherts et calcaires fins Paléocène.

•  des éléments plus fins qui vont former des grès de type grauwackes à éléments provenant de la nappe des basaltes de Poya.

En clair, la formation de Montravel illustre bien l'exemple d'un sédiment qui enregistre l'arrivée de l'obduction des basaltes.

 

 

Arrêt n°6: L'entrée de la presqu'île de Ouémo.

 

Cet arrêt peut présenter quelques difficultés au niveau du stationnement du bus scolaire. On laissera ce dernier sur le côté de la route en recommandant, si besoin était, la prudence la plus élémentaire.

Deux intérêts majeurs sont à signaler:

Le premier est de mettre en pratique le principe de l'actualisme qui, rappelons-le, postule que les lois régissant les phénomènes géologiques actuels étaient également valables dans le passé. En effet, le site offre la particularité de présenter sur la plage de Magenta à marée basse de très belles figures de "ripples marks" ou marque en ride.

Photos n°44: Rides de courant ou "ripple-marks" actuels. Plage de Magenta à l'entrée de la péninsule de Ouémo. A droite, des rides d'âge sénonien (Vallon Dore). Bel exemple illustrant le principe de l'actualisme (photo B. Pelletier, SLN).

 

A partir de l'observation de ces dernières, on peut proposer un mécanisme de formation impliquant, dans ce cas, une faible tranche d'eau alliée à l'existence d'un courant de marée qui va déplacer les particules de sable et ainsi former des rides approximativement parallèles entre elles.. Un examen attentif de l'affleurement montrerait également la présence, à la surface du banc, d'organismes fouisseurs (terriers), de pistes d'animaux ainsi que de petits gastéropodes marins.

Partant de ces résultats, on pourra appliquer le même raisonnement à des séries sédimentaires anciennes présentant à la fois les mêmes figures de courant et des traces de vie similaires à celles observées sur la plage.

L'exemple, pris en comparaison, sera celui du sénonien gréseux à lamellibranches (inocérames) et "ripple-marks" de Vallon Dore (lire les articles précédents dans la revue Symbiose faisant référence aux affleurements d'âge Sénonien).

A ce propos, il n'est pas inutile de rappeler que le principe de l'actualisme n'est pas à appliquer sans discernement. En effet, les ripple-marks peuvent se rencontrer à des profondeurs importantes dés lors qu'il y a existence de courants de fond : H.Tazieff dans son livre "Les colères de la Terre " aux éditions Fayard évoque sa rencontre avec le Professeur P.Picard qui descendit à bord d'un bathyscaphe et vit des ripples-marks à plus de 2500 mètres de profondeur ! Qui plus est, la présence de ripple-marks n'implique pas nécessairement un milieu marin : une promenade sur les rives d'un cours d'eau par exemple, la vallée de la Dumbéa en amont du Parc Fayard-vous monterait, dans les bras délaissés par le lit principal, de très belles marques en ride.

 

Le second intérêt est de montrer, toujours à marée basse, des mécanismes de transport des particules au sortir d'un petit émissaire de rejet des eaux usées (âmes sensibles s'abstenir!). On procèdera dans ce cas par analogie en précisant toutefois que le modèle observé en miniature est forcément réducteur, ce qui est souvent le cas en Sciences de la Terre.

On y voit notamment des particules de tailles différentes transportées par un réseau anastomosé ("braided stream" des auteurs anglo-saxons), avec création de levées, de bras morts, méandres …Bref, une application directe du diagramme de Hjulström fort connu des étudiants en sédimentologie.

Ce modèle analogique peut également s'observer à marée basse sur la plage Carcassonne à Plum au niveau d'un petit cours d'eau qui se jette dans la mer en transportant notamment des particules de chromite alluvionnaire (lire l'article relatif à la Rivière des Pirogues dans la revue Symbiose actuellement en cours d'élaboration).


 

 

Arrêt n°7: Panorama aux canons de Ouémo.

 

On accède très facilement au site en prenant la route (rue Arnold Dally) qui part de la plage de Magenta (voir arrêt précédent).On prendra ensuite la rue Réveillon qui mène à un grand parking à proximité des canons.

Deux études de paysage peuvent être menées sur ce site:

 

La première en direction du Nord Est vers le Centre Culturel Jean Marie Djibaou a pour seul objectif de remobiliser les connaissances acquises lors de l'arrêt sur le site de Montravel. En effet, deux, voire trois plans sont clairement identifiables. Rappelons -les- brièvement: le premier, constitué par des flyschs éocènes, le deuxième occupé par un ensemble volcano-sédimentaire d'âge crétacé supérieur (sénonien ) et enfin, le dernier plan formé de hauts reliefs de nature ophiolitique si bien entendu on a pris soin d'amener auparavant les élèves sur ces ensembles.

Panorama n° 12 : Paysage pris en direction du Nord Est vers le Centre J.M.Djibaou. Le premier et second plan sont constitués de grés sénonien que l'on rencontre à l' aérodrome de Magenta et de flyschs d'âge éocène. Les parties les plus élevées sont formées de péridotites.

Dans le cas contraire, on formulera des hypothèses de travail quant à la nature pétrographique des collines de ce panorama qu'il faudra valider en observant les terrains "in situ".

 

Le second paysage est de direction Sud-Sud Est et a pour objectif la formulation d'une ou de plusieurs hypothèses relatives à la constitution géologique de la colline du Ouen Toro. A ce moment, on pourra noter les couleurs des roches d'altération de la colline -blanche à rosée- et les comparer à celles observées lors de l'arrêt à Montravel : rouge à marron au niveau de St.Louis ou du Mont Dore.
 

Panorama n° 13 : Paysage pris en direction de la colline du Ouen- Toro au Sud Ouest.

 La couleur blanc- rosé indique la présence de "phtanites" altérées.

 

 

A partir de ces constats, des hypothèses de travail pourront être mises en place, et comme dans le cas précédent, validées ou non lors des prochains arrêts en allant sur les formations concernées.

On peut raisonnablement formuler une des hypothèses suivantes:

•  la colline du Ouen Toro est formée de flyschs d'âge éocène.

•  la colline du Ouen Toro est formée de grés d'âge sénonien.

•  la colline du Ouen Toro est formée de phtanites paléocènes.

 

Arrêt n°8: Les Plis sous les canons de Ouémo.

 

Pour parvenir à l'endroit indiqué, il faut, au préalable, s'assurer que la marée est basse. En effet, il est dangereux de se rendre sur ce lieu avec un groupe d'élèves à moins de les munir de palmes, masque et tuba ! La rue Le Carrour est un cul de sac qui se termine sur un parking tout indiqué pour être le point de départ de l'excursion.

L'objectif principal est de montrer des manifestations de la déformation des roches autrement dit la tectonique en action. De nombreuses mesures de pendage peuvent être prises très facilement. Des croquis de plis (surtout au niveau du grand escalier), failles inverses, disharmonies, fauchage illustreront à merveille cet objectif. Le côté esthétique n'est pas en reste, il suffit pour cela de regarder le magnifique pli qui illustre l'ouvrage de M.Picard (voir bibliographie jointe).  On pourra également caractériser ces séries par les méthodes d'investigation déjà citées au cours des arrêts précédents (acide dilué, verre, marteau…), mais -répétons-le- il s'agit de montrer sur ce site que des roches peuvent se déformer soit de manière souple et dans ce cas former des plis, soit de manière cassante et donner des failles et diaclases. Les deux mécanismes pouvant être intimement associés .

 

Photos n° 45 et 46 : Les affleurements sous les canons de Ouémo.

Notez les alternances de bancs durs et tendres particulièrement bien visibles à cet endroit.

 

 

 

 

 

Photos n° 47 et 48 : Détail des bancs gréso-carbonatés à figures de courant ("flute-cast") de la série de Ouémo .

A droite, un très beau pli affectant cette formation.

 

Photos n° 49, 50 et 51 : La déformation souple - et parfois cassante ! - en action à Ouémo.

 

 

Un dernier point mérite d'être débattu, celui de la position stratigraphique des flyschs de Ouémo.

Deux propositions peuvent être formulées :

•  soit les grés carbonatés et argiles gréseuses de Ouémo constituent une variation latérale de faciès de la série gréso-carbonatée plissée au péage de la VDE à Tina (présence de turbidites dans les deux cas) ou bien à la petite carrière de la Pointe Dénouël et, par conséquence, la série de Ouémo serait d'âge éocène moyen.

•  soit cette série de Ouémo est à rattacher à la série de la Cathédrale , ce qui semble probable car beaucoup de points paraissent également communs entre les deux formations (série sédimentaire avec des alternances ).Dans ce cas, la série de Ouémo constituerait un équivalent latéral des flyschs de la Cathédrale et serait d'âge Priabonien supérieur (partie terminale de l'éocène). Ceci étant, comme le dit si bien D. Cluzel, une surprise est toujours possible…

 

Arrêt n°9:La colline du Ouen Toro et la promenade Pierre Vernier au niveau du récif Ricaudy.

 

La colline du Ouen Toro est un endroit familier aux habitants de Nouméa. Le parc forestier invite le promeneur aux charmes de la forêt sclérophylle et le lieu permet de se détendre bien agréablement.

On peut accéder au sommet de la colline de deux manières:

•  soit par la route qui mène à l'esplanade des canons.

•  soit, si on a du temps disponible, par le chemin en face du parking de la côte Blanche et monter ensuite, à pied, en direction des canons.

Dans un cas comme dans l'autre, un bus scolaire peut très facilement se garer.

Si l'on se décide pour la marche à pied, on observera de beaux affleurements de "phtanites"* reconnaissables à une stratification boudinée, des bancs d'épaisseur décimétrique de silice fine (test à l'acide négatif) séparés par des films argileux, et à la cassure conchoïdale, esquilleuse et…coupante! (le port de lunettes de protection lors de l'utilisation du marteau est indispensable). Ces formations siliceuses présentent tout au long de la corniche qui borde le récif Ricaudy, de magnifiques "plis" ( Panorama n° 10) dont le plus célèbre a figuré également dans l'ouvrage de M. Picard (voir bibliographie) ainsi que quelques accidents normaux interprétés récemment comme des témoins de phénomènes d'extension postérieurs à l'obduction des nappes ophiolitiques.

Pour en revenir aux déformations souples, ces "plis", selon l'auteur, devraient plutôt être réinterprétés comme des slumps ou glissements syn-sédimentaires . J'ajouterai, pour être plus honnête, que certains de mes collègues ne partagent pas cet avis.

On peut, en effet, imaginer qu'au moment de leur dépôt, ces sédiments siliceux (cherts) en voie de lithification devaient s'écouler à la manière d'un caramel mou froid sur des paléopentes ce qui expliquerait à la fois l'aspect étrange de la stratification " boudinée " (le terme "boudinage" faisant trop souvent référence dans la littérature à la tectonique alors qu'il s'agirait ici d'un phénomène plutôt d'ordre sédimentaire) et l'allure bien particulière des "plissotements" .

 

Photos n° 52 (à gauche), 53 et 54 : la sratification "boudinée" des cherts .

A droite et au centre, : les plissotements ("slump") dans les "phtanites".

 

De plus, rares ont été les occasions de mettre en évidence des figures microtectoniques classiquement associées à des plis (stries de glissement banc sur banc, fentes en échelon etc…s'exerçant sur un matériel déjà lithifié), exception faite sur un seul et unique affleurement au niveau de la colline qui surplombe l'Université à Nouville (Panorama n° 17).

Ainsi, peut-on raisonnablement penser que dès le crétacé terminal jusqu'au Paléocène- Eocène inférieur, un bassin important (mer ouverte) s'est mis en place au fond duquel se déposait sur des surfaces inclinées (paléopentes), une sédimentation hémipélagique, fine, siliceuse , ce qui expliquerait la présence de slumps et de la stratification "boudinée" dans les cherts suivie d' une sédimentation essentiellement carbonatée au dessus de la CCD qui donnera les biomicrites de la pointe Dénouël. Cela dit, il est fort probable que postérieurement aux évènements pré-cités des phases de déformation peut-être liées à l'arrivée de la nappe de Poya aient affecté ces phtanites décidément bien singulières. Le résultat final pouvant s'exprimer dans certains cas sous la forme de "klippes sédimentaires" discordantes sur les séries flyschs type Jules Garnier et olistolites carbonatés (route du Kuendu Beach par exemple et croquis de terrain de la région de Nouville ) ou bien sur la série de la Cathédrale.

 

*il serait temps d'expliquer au lecteur que le substantif de "phtanite" doit être banni du vocabulaire géologique. Il s'agit d'un vieux terme utilisé par les géologues d'antan pour désigner des formations siliceuses (cherts) riches en matières carbonées.

Panorama n° 14 : Le célèbre pli à double déversement ("Pop Up") de la corniche Pierre Vernier.

 

Le parking en face de la Côte Blanche - la toponymie! - permet également de faire le point sur l'altération des phtanites. On y aperçoit notamment un modelé typique de l'action des phénomènes météoriques sur ces roches. Ainsi, on notera la couleur blanche *, si caractéristique, due probablement à la libération d'argiles appartenant à la famille des kaolinites , le relief en "bad-lands" ou "en roubines" qui résulte d'un ruissellement intensif et pour finir, une maigre végétation qui s'accroche péniblement à des versants trop instables.

 

Photos n° 55 et 56 : Parking de la Côte Blanche : l'altération des phtanites.

A droite, détail de l'altération des phtanites . Colline du Ouen Toro.

 

On ne peut que s'interroger sur les problèmes d'ordre géotechnique qui en résulteraient si d'aventure des édifices étaient construits sur ces formations. Le glissement de terrain de N'Géa affectant un niveau à cherts illustre bien notre propos (photo n° 121).

Si l'on arrive par la route à l'esplanade des canons où l'on jouit d'un point de vue particulièrement pittoresque, on pourra montrer aux élèves de très belles zones d'altération de couleur blanche.

 

* la couleur blanche peut être seulement due à la microfragmentation de la roche siliceuse. Deux exemples sont proposés : à La Tontouta où l'on distingue dans le paysage une tache blanche sur une colline et également dans la région de Koumac. Les argiles blanches du type kaolinite interviennent probablement dans ce processus mais c'est surtout la silice très fine qui donne cette couleur (comm. orale B. Pelletier. SLN).

 

 

A l'arrivée, on essaiera de valider une des hypothèses formulées à Ouémo selon laquelle la colline du Ouen Toro est constituée de "phtanites". Pour cela, il suffit d'observer les affleurements et de faire quelques manipulations d'usage (acide, marteau, verre…).Précisons que dans la littérature, les organismes siliceux décrits dans les cherts ne sont malheureusement pas visibles à l'œil nu. On montrera également que ces roches donnent des produits d'altération de couleur blanche, peu ou pas carbonatés.

Quelques petits "plis" peuvent être visibles à cet endroit ( pour l'origine de ces plis, voir précédemment ) .

Enfin, l'analyse du paysage en direction du Nord Est vers les Monts Koghis permettra, une fois de plus, de réinvestir ce qui a été observé à Ouémo ou à Montravel.

La déformation cassante est également présente dans le secteur et a fait l'objet d'une étude récente par Y.Lagabrielle et al. (voir bibliographie). Selon les auteurs, les accidents normaux mesurés représenteraient des plans de décollement à forts pendages amont et sub-horizontaux en aval (failles en cuillère ou listriques) . Pour ma part, se pose une nouvelle fois le problème de datation de cet événement. En effet, ces accidents ,dont les directions sont variables, sont soit liés au mode de mise en place des cherts , l'âge serait alors syn à fini- paléocène, soit liés à une phase d'extension ayant suivi l'obduction des péridotites et démarrerait , dans ce cas, au plus tôt au début de l'oligocène. Si l'on considère que les plissotements dans ces formations sont des glissements syn sédimentaires (slumps), rien ne s'oppose à ce que les failles listriques soient contemporaines de la sédimentation et des slumps. Après tout, ce phénomène est bien connu par les géologues pétroliers dans des environnements de marges passives (deltas).

Exemple d'un raisonnement géologique basé sur des données de terrain: le problème posé par la colline du Ouen Toro. Phtanites autochtones ou allochtones ?

 

 Documents à consulter en Annexes:

•  coupes à travers la péninsule de Nouméa depuis le front de chevauchement des péridotites.

• 
carte géologique de la péninsule de Nouméa.

 

Coupe géologique à travers la péninsule de Nouméa (modifiée, 2004).

(Voir aussi en Annexes les coupes géologiques du même secteur).

 

Nous avons déjà évoqué précédemment la position structurale des phtanites de l'Université.

Une méthode de travail courante en cartographie géologique est de construire des coupes à partir des relevés de terrain (description des affleurements, prise de pendages …). Il arrive alors fréquemment que l'on propose à partir des mêmes observations de terrain, des structures géologiques -et par voie de conséquence, des interprétations- pouvant être radicalement différentes.

Ainsi, le lecteur pourra se rendre compte, dans le cas du Ouen Toro et, dans une moindre mesure, dans celui du Mont Té, des difficultés liées à l'interprétation des structures géologiques en profondeur à partir des seules observations de surface (voir en Annexes les deux coupes géologiques à travers la péninsule de Nouméa, d'après les travaux de J.P Paris et H. Gonord).

L'affaire, bien entendu, se complique si l'on admet que les phtanites une fois lithifiées auraient pu glisser en masse par le biais de phénomènes gravitaires pour former de véritables klippes sédimentaires discordantes sur la mégaséquence flysch.

Ce qui semble être le cas des collines du Ouen -Toro et de l'Université de la Nouvelle-Calédonie à Nouville (voir les coupes géologiques en Annexe n° 15) .

 

 

Arrêt n°10: La Voie de Dégagement Express (VDE) au péage de la route vers Tina.

 

On laissera le bus sur le parking avant le péage au niveau de la station Shell.

Cet arrêt est une illustration d'un certain nombre de pratiques couramment utilisées en Sciences de la Terre.

•  caractériser les roches sédimentaires en présence.

•  observer à grande échelle l'ensemble des déformations (souples et cassantes) ayant affectées ces roches.

•  détailler chaque type de déformations (souples, cassantes).

Signalons également que cet arrêt offre la particularité de montrer sur un bas-côté proche du péage un affleurement d'une roches éruptive de couleur beige clair à blanc jaunâtre fortement hydrothermalisée (granite ou microgranite probable) intrusive dans les formations sédimentaires. Des datations en géochronologie isotopique ont livré un âge oligocène (26Ma) ce qui indique une très proche parenté avec le magmatisme de Saint Louis (comm. orale P. Maurizot).

 

Panorama n°15 : Péage de la VDE à Tina , intrusion de microgranite oligocène dans la série de grès calcaires .

 Microgranite très altéré ne présentant pas ou très peu de fractures.

 

 

Nous reviendrons ultérieurement sur ce magmatisme au cours de l'arrêt n° 12.

Par ailleurs, il est possible pour un groupe d'adultes (attention, ne pas amener les élèves! ) de continuer la visite du secteur en marchant sur le bas-côté de la route en direction de Nouméa jusqu'à un petit pont qui surplombe un talweg afin d'étudier d'autres manifestations de la tectonique cassante. La description de cet affleurement figure dans la deuxième partie (arrêt n° 21).

 

 

Photos n° 57 et 58 : la série gréso- carbonatée du péage de la VDE à Tina . La photo de gauche montre des couches très redressées tandis que celle de droite indique la même série avec des pendages sub-horizontaux à obliques.

 

Caractères généraux:

En remontant en direction de Nouméa sur une cinquantaine de mètres, une esplanade offre toute la sécurité nécessaire à un travail de groupe. L'affleurement se compose de roches dont la stratification est bien visible, tantôt montrant un pendage vertical, tantôt oblique voire horizontal. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement.

La couleur à la patine est marron à verdâtre, gris- souris à la cassure fraîche. Ceci se remarque particulièrement bien sur les bancs verticaux où le cortex grisâtre est entouré d'une couronne marron -café au lait.

On note une alternance de grès décimétriques de granulométrie moyenne à fine et d'argiles gréseuses (argilites ou silts) centimétriques. Les grès sont composés de grains de quartz sub-anguleux, d'éléments lithiques noirs abondants, de feldspaths également anguleux baignant dans un liant argilo-carbonaté réduit. Les grains sont plutôt jointifs ("grainstone") et, quelque soit la couleur de l'ensemble, les grès sont toujours carbonatés. En outre, les éléments constitutifs sont bien classés. Un léger granoclassement est parfois visible mais l'ensemble reste remarquablement homogène.

Quant aux interbancs d'argilites, la composition minéralogique est identique, à peu de choses prés, à celle des grès, la seule différence portant bien évidemment sur la granulométrie et le liant plus argileux.

Cela dit, une étude complémentaire (observation de lames minces) s'avèrerait nécessaire afin de pouvoir identifier d'éventuels minéraux ou lithoclastes de roches appartenant à l'Unité de Poya. Si tel était le cas, ces formations, en principe, équivalentes des calcaires de Uitoë et de la petite carrière de la Pointe Dénouël , seraient une des plus anciennes à avoir enregistrer l'obduction de la nappe de Poya. Par ailleurs, Pierre Maurizot me signale la présence de très belles turbidites avec des figures de creusement d'un courant ("flute casts") dans ces formations.

L'observation à l'échelle de l'affleurement dans sa globalité montre des variations de pendage. Un beau pli isopaque dissymétrique (pli en genou) est bien visible. L'observation de la charnière montre à l'extrados de nombreuses fentes de traction .Des mesures en microtectonique avec les étudiants ont montré que ce pli avait un plan axial orienté NW-SE parallèle au front de chevauchement de la nappe des Péridotites.

 

L'enseignant pourra introduire à cet occasion un vocabulaire précis utilisé en géologie structurale en fonction du niveau de sa classe: pli, flancs, charnière, extrados, intrados, fentes de traction remplies de calcite, axe du pli etc…Par ailleurs, il pourra demander à ses élèves un croquis orienté et légendé du pli et montrer que même des roches compactes peuvent se déformer de manière souple.

Photo n° 59 (à gauche) : Charnière de pli isopaque dans la formation gréso-carbonatée (déformation souple).

Photo n° 60: Autre manifestation de la tectonique (la déformation cassante, cette fois !), un miroir de faille probablement normale.

 

 

Les manifestations de la déformation peuvent être nombreuses et cet arrêt montre également que des roches peuvent se rompre en se déplaçant formant ainsi des failles. Cette tectonique cassante est également identifiable à quelques mètres seulement de la charnière du pli. En effet, un beau plan de faille recouvert de calcite occupe une surface importante. A ce niveau, l'enseignant pourra demander de le caractériser notamment à l'aide d'un croquis de terrain assorti d'un vocabulaire adéquat (plan, faille, stries, calcite, inclinaison de la faille). Au final, on pourra comparer les deux modes de déformation des roches. Des travaux en cours (Y.Lagabrielle et al., l'auteur et ses étudiants) permettront de mieux caractériser ces deux déformations et notamment de préciser si elles sont antérieures à l'obduction ou bien contemporaines de cette dernière.

 

A priori, le phase de plissement responsable du pli en genou serait contemporaine de la phase d'obduction de la nappe de Poya., en effet, les directions de l'axe du pli indique une contrainte orientée NW-SE soit celle de l'obduction. Il en va tout autrement en ce qui concerne l'âge de la faille normale qui est , par défaut, postérieur à l'âge de la série flysch. Une fois encore, cet accident est-il post nappes ou bien antérieur aux phénomènes d'obduction ? Une étude récente de Y.Lagabrielle et al. semblerait pencher pour la première proposition. Pour ma part, cet accident n'est scellé par aucune formation ou événement d'âge connu ; en conséquence, il me semble difficile de pouvoir lui donner un âge précis. La datation de cet événement, comme ceux du secteur (voir plus loin) préconisée par les auteurs me paraît, de fait, légèrement spéculative.

  

Arrêt n°11: Anciennes carrières Saint Michel - Boulari.

Avant de se rendre aux anciennes carrières Saint Michel prés du Collège de Boulari, la V.D .E offre un très beau panorama du volcanisme sénonien représenté par les deux collines surplombant au nord est le Pont des Français au niveau du cinéma "Drive In". Malheureusement, il est impossible de s'arrêter en bus à cet endroit particulièrement dangereux de la V.D .E. Il conviendra alors au professeur de signaler ce point aux élèves.

 

Photo n° 61 : Vue générale prise de la V.D .E du volcanisme sénonien.

Photo n° 62 : Détail du volcanisme du Pont des Français.

 

Notons que le volcanisme du Pont des Français présente un modelé identique à celui que l'on peut observer à Koutio au dessus du quartier des Jacarandas. J'attire l'attention du lecteur sur le fait que le volcanisme sénonien a fait l'objet d'une étude en 1995 de Philippa Black de l'Université d'Auckland. Selon l'auteur, ce volcanisme bimodal débuterait par des rhyolites hyper-siliceuses et des basaltes calco-alcalins puis, au cours du temps, une évolution vers des laves d'affinités shoshonitiques (laves riches en potassium) s'installerait à la fin du crétacé. De fait, l'auteur envisage au sénonien l'existence d'un court épisode de subduction en étroite relation avec l'ouverture du bassin néo-calédonien. Pour ma part, suite à de multiples confrontations amicales avec P.Maurizot et D. Cluzel, une autre alternative expliquant cette bimodalité a été choisie, celle d'un panache mantellique ("plume") au droit de la zone d'accrétion des bassins marginaux au sénonien. C'est, du reste, l'option qui a été reportée dans les schémas d'évolution géodynamique de la partie sud de la Grande Terre.

Revenons maintenant à l'arrêt relatif au Sénonien sédimentaire…

Les anciennes carrières se prêtent particulièrement bien aux activités à mettre en œuvre avec des élèves. Un vaste parking peut abriter un bus scolaire, de plus, une alimentation permet de se ravitailler le cas échéant. Toutes les conditions -y compris celle relative à la sécurité- sont donc satisfaites pour profiter pleinement de cet arrêt.

 

Caractères généraux: :

Quatre type de roches peuvent être mises en évidence selon leur importance:

- les grès moyens blanc-gris légèrement violacés : formation très mal consolidée à éboulements fréquents. La roche est très friable. Les minéraux constitutifs de ces grès sont principalement du quartz. Les grains sont sub-arrondis, rarement jointifs (wackestone selon la classification de Dunham)... On y rencontre également des minéraux de teinte rosée (orthose ou autre feldspath alcalin probable) ainsi que de rares grains verdâtres dont l'identification reste incertaine (glauconie?) . Le classement des grains est plutôt médiocre, en revanche ces grés ont une bonne porosité. Le liant est de couleur blanche ,peu argileux et n'assure pas la cohésion des grains . Ces grès sont non carbonatés. On note la présence de niveaux plus grossiers souvent granoclassés, moins friables qui soulignent la stratification de l'ensemble. Cette dernière peut, par endroits, être oblique. L'obliquité étant renforcée par des minéraux oxydés dont l'origine est à rechercher soit, dans les feldspaths potassiques type orthose, soit dans des sulfures de fer probablement présents lors de la diagenèse de ces grès selon des conditions réductrices. Notons que le sénonien est connu dans d'autres secteurs que la région de Nouméa pour renfermer des sulfures en proportion notable au sein d'argilites à blocs (comm. orale P.Maurizot)

- les niveaux d'argilites (" shales") charbonneuses : formations détritiques fines sujettes, elles

aussi, à des instabilités des versants Aucune plante fossile visible à l'œil nu. Cette formation

tâche légèrement les doigts ce qui semble indiquer un faible contenu en charbon. Signalons

également la présence d'efflorescences jaunâtres ( soufre natif, jarosite ou autres sulfates ?).

•  les grès grossiers jaune-marron : ces grès montrent des indices de chenalisation. Ils forment

un ensemble plus compact, plus cohérents que les grès blanc-gris mais beaucoup moins épais , quelques centimétres tout au plus. Les grains de quartz sont généralement arrondis, de taille variable (classement médiocre), souvent jointifs et sont réunis par un liant ferrugineux. Il s'agit selon la classification de Dunham, d'un "Grainstone". Leur lithofaciès évoque des grès ferrugineux type "alios" ce qui reste à confirmer par une étude pétrographique plus détaillée.

- les laminites ou siltites gris souris: ce sont des niveaux de grès argileux fins à très fins comparables à des varves glaciaires. La stratification est bien visible. Ces n

 

Milieu de dépôt :

Les différents faciès rencontrés ainsi que la présence d'accidents syn-sédimentaires fréquents dans les niveaux à charbon sénoniens de la côte Ouest indiquent de petits bassins "en chapelet". Il semble qu'il n'y ait pas continuité des assises à charbon. La source de la sédimentation devaient provenir d'un relief jeune et relativement éloigné si l'on en juge par l'absence de niveaux très grossiers voire conglomératiques et par le degré d'arrondi des grains de quartz.

Un point important permet de mieux cerner l'environnement de dépôt de ces séries. En effet, on signale dans la littérature la présence de fossiles marins (inocérames, ammonites…) dans ces formations.

A partir de cela, on peut proposer un modèle de petits bassins paraliques, proches et parallèles à la ligne de rivage. Si l'on s'en réfère au principe de l'actualisme, il semblerait que de nos jours, la

côte Ouest à mangroves de la Grande Terre fournissent une image acceptable de ce que devait être le front de mer au sénonien. Volcanisme excepté !

 

Photo n° 63 (à gauche): Vue générale des séries sénoniennes aux anciennes carrières St Michel. D: N 100 E, inclinaison de 30 à 40° NE.

Photo n° 64 : Failles normales syn-sédimentaires en grabben.

Photo n° 65 (à droite) : Niveau d'argiles silteuses à charbon.


 

Arrêt n° 12: Ancien Garage Flavio sur la route au niveau de Saint Louis.

 

•  Documents à consulter en Annexes:

•  carte géologique de la région de Saint Louis (niveau collège).

•  carte géologique de la région de Saint Louis (niveau lycée).

•  coupe interprétative de la Nouvelle-Calédonie à l'échelle de la lithosphère (facultatif).

 

Avant-propos:

On pourra être quelque peu étonné de ne pas trouver dans ce travail un arrêt dans la vallée de la Thy au niveau de la granodiorite de Saint Louis. Pour des raisons de sécurité évidente, il est fortement recommandé de ne pas se rendre sur ces lieux, du moins, en ce moment.

Néanmoins, afin de mieux appréhender la géologie du secteur, quelques informations seront nécessaires:

•  la granodiorite est une roche claire composée de quartz, feldspath plagioclase alcalin (albite), un peu de biotite et de hornblende.

•  la roche est intrusive dans le sénonien et dans les ophiolites.

•  les contacts intrusifs sont marqués par une serpentinisation (métamorphisme de contact).

•  l'âge de l'intrusion est d'environ 27 millions d'années.

•  la série à laquelle appartient cette roche est calco-alcaline ce qui sous-entend l'existence probable d'un plan de subduction à l'oligocène (voir la coupe géodynamique actuelle de la Grande Terre ).

•  l'intrusion s'accompagne de filons de quartz ou "murs de silice" minéralisés en cuivre, molybdène, tungstène et or.

•  le granitoïde de Koum sur la côte Est est apparenté au magmatisme calco-alcalin de Saint Louis avec une composition chimique légèrement différente. Les nombreux filons associés à cette granodiorite sont en cours d'étude.

 

Deux documents relatifs à la granodiorite de la vallée de la Thy sont proposés en fin d'exposé. Le premier a déjà fait l'objet d'une publication dans la revue Symbiose et il est plutôt destiné à des enseignants de collège, tandis que le second pourra être utilisé en classes de lycée.

Terminons sur un point important: le magmatisme calco-alcalin oligocène est bien représenté dans la région de Nouméa. Il se manifeste, en effet, à de nombreux endroits : dans les flyschs du Lycée Jules Garnier (arrêt n°2), dans ceux de Montravel (arrêt n°5) sous la forme de filons hydrothermaux , au péage de Tina sur la VDE (arrêt n°10) et enfin, au niveau de la zone des "Grosses Gouttes" à Saint Louis. Sous toutes réserves, les niveaux indurés, oxydés à carbonates de fer de la presqu'île de Nouville (arrêt n° 1, "à voir dans les environs") pourraient également signer ce magmatisme.

 

Un autre pointement est à signaler sur la route de Yaté, prés du col de Mouirange sous la forme d'un filon granodioritique (tonalite) aux épontes présentant de belles bordures figées. Attention, ce dernier affleurement est en cours de datation et il semblerait qu'il soit plutôt en relation avec le plan de subduction paléocène à éocène inférieur (comm. orales D.Cluzel, P.Morizot). On trouvera une illustration du plan de subduction paléocène-éocène en Annexes "Coupe géodynamique actuelle de la Nouvelle-Calédonie ".

 

Le paysage au niveau de l'ancien Garage Flavio:

•  Document à consulter:

•  schéma géologique de la région de Nouméa-MontDore.

 

Au sortir de la route RP1 (ou RT2) qui passe devant le village de Saint Louis, on prendra la direction du rond-point menant soit à Yaté par la route RP3, soit à Vallon Dore par la RP 2 (ou RT2bis). Chemin faisant, un arrêt s'impose en face de l'ancien garage.

L'observation du paysage en direction du Sud Est montre, en première approximation, trois plans:

•  au premier plan, une zone basse occupée par des mangroves, une savane à niaoulis et des plantes herbacées.

•  le deuxième plan est formé de collines présentant des teintes d'altération marron à rougeâtre recouvertes d'une maigre forêt de couleur vert foncé.

•  enfin, le Mont Dore, masse imposante, dont les flancs de couleurs rouge à rouge-orangé sont accrochés par une végétation de type maquis minier.


 

Panorama n°16 : Garage Flavio. Paysage pris en direction du sud est. Explications dans le texte.


 

Après le stade d'observation du paysage intervient la mise en place d'hypothèses de travail relatives à la constitution géologique des trois plans.

On pourra également s'aider de la carte géologique simplifiée (document suivant).

En principe, doivent émerger les hypothèses suivantes:

•  le premier plan est constitué par les séries argilo-gréseuses d'âge sénonien.

•  le deuxième plan est la semelle de serpentinites mylonitisées.

ou

•  le deuxième plan peut être également formé par les basaltes.

•  une troisième solution serait d'évoquer le fait que ce deuxième plan est du volcanisme sénonien.

- le Mont Dore est constitué par des péridotites.

 

Il va de soi que la validation des hypothèses ne peut se faire qu'en allant sur place étudier les affleurements.

A ce stade d'investigation, on peut toutefois valider -du moins en partie- la première hypothèse sachant que cet arrêt succède à celui effectué à Saint Michel, non loin de là .De plus, la route suit grosso-modo la direction des séries sénoniennes. Par ailleurs, la présence d'une mangrove sur des terrains argileux ainsi que celle des niaoulis conforte l'existence de terrains ou de sols siliceux. Il conviendra cependant d'effectuer un second arrêt sur la route RP2 qui fait le tour du Mont Dore. Ce dernier se situe à proximité des nouveaux lotissements après la première rotonde et c'est à cet endroit que l'on pourra valider de manière définitive la première hypothèse.


 

Carte géologique simplifiée de la région de Nouméa- Mont Dore (modifiée 2004).

Remarque : une autre carte simplifiée est proposée au chapitre 4.

 

Seconde partie:

 

  Documents à consulter en Annexes:

•  carte de localisation des arrêts facultatifs.

•  essai de corrélation stratigraphique et localisation des principaux arrêts de la région de Nouméa.

•  essai de chronologie structurale de la région de Nouméa.

•  carte géologique simplifiée de la région de Nouméa et du Mont Dore.

 

D'autres documents seront à consulter au fur et à mesure des arrêts indiqués.

Sous ce paragraphe ont été regroupés des arrêts sinon importants du moins nécessaires à une meilleure compréhension de la géologie de la région de Nouméa. Cela dit, ils s'avèrent que ces derniers ne peuvent faire l'objet d'une visite en groupe dans la mesure où les emplacements pour les bus scolaires sont quasi inexistants et présentent parfois un certain danger. Exceptions faites pour certains arrêts ( n° 16 esplanade de la Fédération des Œuvres Laïques (F.O.L), n° 29 et30 rues Colnett et Pierre Sauvan …).

Ces sites pourront être visités uniquement par des enseignants soucieux de parfaire leurs connaissances et, ainsi, de mieux préparer les sorties de groupe.